Où suis-je?
Un restaurant caché au fond de la ruelle. Une porte en bois profite de deux candélabres au bord du perron. Une petite marche permet l'accès au restaurant.
En appuyant sur la poignée cuivrée, un léger grincement, annonce l'entrée.
Sur un sol de pierre, l'avancée était large. Une lumière tamisée parcourait ce couloir long de quelques mètres. Déjà au porte-manteaux, les vêtements s'accumulaient.
Les murmures se transformèrent en paroles, les chuchotements en conversations.
A l'entrée de la salle à manger, la rumeur d'une bonne soirée s'annonçait.
Les quelques tables accollées au mur de droite étaient garnies de lampions rouge autour desquels les occupants dégustaient un véritable festin.
Au bout de la pièce, trônait sur tout la longueur du mur, une cheminée dans laquelle une batterie de rôtis, volaille et autres viandes, tenaient chaud aux braises.
Au centre, point de table, un tapis carmin amenait l'hôte jusqu'à son siège.
On nous indiqua une petite table sur la gauche. Juste pour deux, juste tout près du feu.
Les fauteuils étaient lourds faits en bois et recouverts de tapisserie ornée.
Le lampion était allumé devant moi.
Les murs avaient été blanchis et passablement vieillis avant l'heure.
Au-dessus de notre table, un tableau était accroché ; un cavalier en armure étincelante monté sur un cheval noir, galopait au travers d'une forêt.
A sa gauche, à deux tables plus loin, se trouvait un tableau représentant un château blanc avec tout ce qui va avec, douves, tours, pont levis, et la famille au balcon du premier étage.
A ma droite, à même distance, était représenté un dragon rouge toute flamme dehors. Menaçant la gueule ouverte dirigée à gauche vers le chevalier au-dessus de moi.
Bref, une douche chaleur rendait l'atmosphère agréable, étrangement réconfortante.
La cheminée derrière moi était ornée d'une énorme tête de sanglier. La poutre était épaisse et noire. Elle était manifestement vieille, mais très bien conservée.
A la lueur des bougies on pouvait distinguer gravé dans le bois 1596.
J'observais plus attentivement les lieux, point de lustre avec ampoules, il était garni de bougies.
Les appliques rouges au mur non plus n'avaient pas d'ampoules, tout ici vivait à la bougie.
Le reste de la pièce était aussi étrange, maintenant que j'observais attentivement, le serveur portait un pourpoint noir sur des chausses violettes.
Folklore?????
La vaisselle qui se présenta à nous me coupa le souffle.
Gobelet en étain, couverts en étain, le tout travaillé en de minutieuses arabesques.
Les serviettes étaient en dentelle, ainsi que les bords de la nappe blanche.
Une carafe à décanter tenait lieu de carafe à eau, les assiettes en porcelaine venaient compléter le tableau.
Mes oreilles se laissèrent porter par les voix :
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Quel est le cours du haricot? Demandait l'un,
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As-tu vu le comte tantôt? Répondait son voisin
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Je me suis fais volé deux chevaux l'année dernière!! Pestait mon voisin de gauche
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Je me demande si la récolte sera bonne. S'interrogea mon mari.