Enfin
Mon père fut le premier. Fier d'être son fils, orgueilleux de mon savoir-faire, j'allais par delà le village, arrogant devant tous.
Arborant le blason des mages, j'étais le meilleur disciple. Déjà enfant j'avais invoqué au hasard d'une formule. Mêlant fureur et arrogance, j'apprenais jour et nuit. Mon frère peu enclin à la magie noire, tremblait devant moi.
Lors de mon quinzième anniversaire, j'allais devenir le plus grand parmi les grands.
Alors que le maître enseignait son art, j'étais plongé dans mes livres, attendant que les autres fussent à mon niveau.
Bien des fois, je surpassait mon père, cela l'intriguait, car selon l'âge des élèves, je ne devais pas en savoir autant, et avoir atteint ce niveau.
Nul ne savait que depuis mes huit ans, tous les soirs, j'espionnais mes ainés dans la passion de la magie. Pourtant je n'avais aucune envie de pratiquer la leur, je voulais pratiquer la Mienne, Noire et Mauvaise....
Durant sept ans je torturais toutes créatures qui croisaient mon chemin, rien n'était assez vil et cruel, tout m'amusais.
Le soir de mon quinzième anniversaire, la lune était d'un noir éclatant, mauvais présage pour tous, le meilleur pour moi.
Alors que la fête battait son plein et que je m'ennuyais à mourir, un homme arriva au village.
La bienséance voulut qu'on l'accueillît à notre table. L'homme semblait affamé et fourbu. Il avait pourant une étincelle dans les yeux que seul je distinguais. Cet individu m'intriguais mais je n'en dis rien. Son attitude faisait que je devais garder le silence.
Bien des heures plus tard, la foule s'étant retirée pour la nuit, je restais enfin seul avec lui.
Sous ses allures de mendiant, je reconnus celui pour lequel je devais quitter mon existence si misérable.
Il me remit, hors de vue, un livre.
D'une reliure noire et nacrée, bordée de rouge, le mal émanait de lui ; et cela me plut....