Songe d'un rêve
Un peu plus tard, alors que le temps serait suspendu, l'oiseau viendrait.
Mais maintenant, dans la brume matinale loin des regards, le reflet paraît parfait.
Pour une raison encore inconnue le ciel et le marais ne font qu'un. Aucune démarcation entre l'air et l'eau.
Tout était en place désormais, seul le silence pesant rendait sourd.
Les roseaux dansaient au gré de la brise qui les caressait. Le tableau était vivant. Puis lentement, délicatement, telle une plume tombant légèrement, elle apparut.
Une ombre tout d'abord, puis les contours de sa silhouette se firent distincts. Nul en ce lieu ne l'avait observée. Nul n'en avait eu l'occasion. Tous imaginaient une légende...
Peu importe le risque!
Alors que la brume enveloppait tel un manteau le ruisseau de ses cheveux noirs qui lui tombaient amoureusement le long du dos, un bruissement lui fit lever le visage.
Le coeur de se lèvres rosées trahissait un léger sourire. L'éclat des yeux gris soupiraient d'envie.Et alors qu'elle laissait dériver son regard, elle m'aperçut.
Et l'oiseau curieux qu'elle était m'observa sans une once de frayeur.
Le soleil commençait à poindre derrière elle, lui dessinant un halo.
Puis sous la magie du matin, sous mes yeux ébahis, elle se métamorphosa en bel oiseau. Je fus éblouis par les rayons du soleil qui se voulaient chauds à présent ne me laissant observer la scène.
Je la cherchais dans les cieux, mais elle se posa avec légèreté sur mon épaule. Nous nous dévisagions calmement. Penchant la tête à droite, puis gauche en une danse, j'appreciais la magnificiance de cet être.
Les plumes dorées renvoyaient une lumière chaude, et contre toute attente ses yeux gris reflétaient la même âme. Tremblant de curiosité, j'osais caresser ce plumage doux comme la soie.
Soudainement, de son bec noir, elle me piqua la joue et s'envola.
Je la contemplais quand elle s'éloigna au dessus du marais.
Quand elle fut trop loin pour ma vue, je grattais doucement ma joue qui saignait.
Fasciné, le geste machinal, j'y goutais.
Le sucre me surprit et me fit sourire.
Alors je m'allongeais dans la mousse marécageuse et contemplais le soleil.
Peu à peu, il se voilà pour laisser place à la nuit.
Je me levais pour partir, et me rendis compte que je me sentais léger.
Je me surpris à vouloir m'envoler, et pendant que je rêvais, j'ouvris grand les yeux pour découvrir que je survolais le marais.