La tour du guet (suite)

• Vous voilà enfin éveillée? La voix suave me surpris plus qu'elle ne m'effraya.

Pour toute réponse j'offris mon silence.

• N'ayez crainte, madame. Je ne suis que votre fils.

Je retournais vivement mon visage, mais les mêmes papillons dansaient encore devant moi, si bien que je ne pus entrevoir qu'une silhouette.

Il se déplaça si vite que l'air ne bougea pas. Il me soutenait de ses bras et me dirigeait gentiment vers une chaise. Je m'assis tremblante de fatigue, et le trouble passa. Finalement, je relevais les yeux, et pus enfin voir cet enfant que j'avais eu dans cette autre existence.

Il était homme à présent.

Ses traits étaient fins. Son visage apaisant et ses yeux noirs inspiraient la douceur. Son sourire dévoila une belle dentition sous des lèvres roses bien dessinées. Ses cheveux roux désormais attachés en queue de cheval à la mode Sépalienne en disait long sur sa destination.

Il portait un costume en cuir clair, sur des bottes usées par le sel. Des ombres blanches flirtaient avec les talons noirs.

Un homme bien bâti en vérité, mais j'ignorais encore son nom.

Il me prit dans ses bras avec tendresse.

• Comme vous m'avez manqué! Il m'a fallu traverser tant d'âges pour vous voir, vous parler, vous prévenir.

• Je suis si surprise de te voir ici, que s'est-il passé? Le son qui sortit de ma gorge ressemblait davantage à un rugissement que ma voix douce bien connue.

• J'ai tellement de choses à vous expliquer, il avait les larmes au bord des yeux

• Plus qu'il n'en faut. Quand je t'ai vu dans cette cours..., mes visions ne m'avaient pas préparé à cela.

• Ne vous en faîtes pas, maintenant nous pouvons rattraper le temps perdu. J'ai oeuvré pour notre cause.

• Je n'ai aucune cause à défendre, je suis prisonnière d'Hector depuis ton enfance.

A l'évocation de ce nom, il sourit.

- Hector?

- Oui Hector, l'homme qui m'a fait enlever par les Compagnons noirs.

- Alors nous devrions être tranquilles pendant un bon moment, si vous craignez ce Hector.

• Pourquoi donc?

• Hector est parti. Il vous a confié à mes soins.

La surprise se lu dans mes yeux. Il s'éloigna de moi et entreprit de marcher entre le mobilier de la pièce tout en continuant à me parler.

• Si cet homme est celui que je cherche, alors nous allons avoir besoin d'aide.

• Explique-moi cela..., j'hésitais, je ne connais pas ton nom, quel est-il?

• Tu ne t'en souviens donc pas?

• Non, le devrais-je?

• Aurais-tu déjà oublié tes visions?

Je réfléchis, et l'espace d'un battement de coeur, je compris.

• Bÿklon'z!