Fête de Semailles

Publié le par miniklochette

Le feu brûlait au milieu de la cour. Les femmes faisaient une ronde où chacune prenait la main de l'autre en se retournant. Ainsi l'ensemble se déplaçait avec élégance et grâce.

Je l'avais déjà remarqué, mais particulièrement ce soir, la danse de la fête des Semailles n'était pas la même que celle de mon enfance.

Je me souviens d'avoir ri et danser tout comme maintenant, mais l'ambiance était chaleureuse à l'époque. Sans doute que les privations et les difficultés rendaient les gens plus tristes. L'hiver avait duré plus que de raison cette année, le vent glacial venant du nord n'avait eu de cesse de marteler les volets des fermes. Les rations étaient maigres et le bétail avait dû être en partie sacrifié pour nous nourrir.

Le printemps arrivé, le soleil se cachait sans arrêt derrière des nuages noirs pleins de pluie. Il fut un temps où je me réjouissais de la pluie et des éclairs, un temps où courir sous la pluie et rentrer trempé était un jeu.

Aujourd'hui était le premier jour d'été, la fête des Semailles. Demain tout le monde serait rassemblé dans les champs pour jeter les graines de nos prochaines récoltes.

Ystin récolterait encore son blé, Ulmin son orge, et moi mon avoine. Les foins seraient coupés à la mi-saison de Brittine, au temps du redoux ; quelques semaines avant l'hiver.

J'emploierais tout mon temps à tondre les moutons, à reprendre ma toiture, et certainement à gâter mes neveux et nièces.

Je n'ai pas eu d'enfants bien à moi, sans doute que le départ d'Heï m'a suffisamment brisé le coeur, je ne suis pas homme courageux, seulement idiot.

Je l'ai laissé s'enfuir du village alors que nos épousailles avaient été arrangées. Je la trouvais jolie et bien portante, sans toutefois l''aimer. Ystin m'avait assuré qu'une fois mariée, elle serait heureuse de m'avoir, en tout cas il tenait ses propos isolé de sa femme.


Heï était partie aux beaux jours, le matin de nos fiançailles. Je portais un costume en velours gris et j'avais pris soin de nouer un ruban vert autour de mon cou.

Tout le monde l'a attendu, j'étais d'ailleurs nerveux comme un enfant à son premier jour de chasse. Le temps a passé, et petit à petit la foule s'est dissolue.

Blessé, humilié, et malheureux, je réalisais que j'aimais la voir sourire, l'entendre me raconter comment le chat avait tout renversé dans la cuisine.


Il y a 8 ans de cela, et je n'ai jamais cessé de pensé à elle. Particulièrement le soir de la fête des Semailles qui était sa préférée.

Sans doute, oui, sans doute que son absence pèse lourd sur mon humeur pour que j'apprécie encore la danse, le rire et la bonne chère.


 

Publié dans Histoire d'y croire

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K
Maintenant que tout est rentré dans l'ordre, j'ai pu lire et apprécier. Je plussoie Zordar qui dit que toute l'ambiance est créée, je ne saurais dire mieux!
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Z
Tu a recréé toute une ambiance en quelques mots , bravo !
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M
merci!!! ^-^
K
plic ploc ...
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M
tiens des gouttes d'eau qui tombent!!! ;-)
K
allez, disons, une taille en dessous et je marche ...
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M
mais j'ai changé la police °-o
K
moi j'aime bien cette taille là, mes noeils sont fénéants ... hi hi ...
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